La Guerre de Trente Ans

La guerre de 30 ans

 

Dans ce nouvel article, nous allons faire un peu d’histoire. Je vais m’intéresser à un évènement, et plus particulièrement une guerre, assez peu abordé et peu connu : j’ai nommé la Guerre de Trente ans. Cet article se veut être une introduction au sujet, tellement ce dernier est vaste et complexe. Je dresserai donc une petite chronologie du conflit, accompagnée de statistiques parfois assez édifiante, le tout servi avec quelques représentations de l’évènement dans l’art (c’est un blog d’histoire de l’art, non ?)

 

Allez, je vous emmène.

 

 

La guerre de Trente ans s’est déroulée de 1618 à 1648 et a impliqué la majorité des pays de l’Europe occidentale (y compris des pays dont on entend peu parler en temps de guerre comme la Suède ou le Danemark). Ce qu’il y a de complexe avec cette guerre, c’est non seulement que les acteurs ne sont pas tous intervenus au même moment, mais qu’en plus le conflit a changé de dimension et d’objectif au fur et à mesure. Commençons par le commencement. Au XVIème siècle, un certain Martin Luther va développer une nouvelle branche du catholicisme, nommée le protestantisme. Les luthériens, pour résumer, prônent une religion plus proche des Saintes Ecritures, rejetant une partie de la pensée catholique. L’apparition d’une nouvelle approche comme celle-ci ne va bien entendu pas plaire du tout au Vatican et plusieurs conflits et massacres religieux seront perpétrés.

En 1618, les tensions sont encore vives entre catholicisme et luthéranisme, mais cela fait plusieurs années qu’il n’y a plus de conflit ouvert entre les deux. Plus pour longtemps. Le 23 mai, des messagers envoyés par le nouveau roi de Pologne à Prague pour y rencontrer le roi, sont jetés par la fenêtre par des protestants. Le roi de Pologne, ouvertement catholique, déclare alors la guerre à la Tchéquie. Commence un conflit strictement religieux. Epaulée par le royaume germanique des Habsbourg (présents en Allemagne et en Espagne), la « confédération catholique » prend rapidement le dessus sur les protestants. La Tchéquie est de son côté aidée par des petits états comme le Palatina et d’autres territoires qui composent aujourd’hui l’Allemagne et l’Autriche.

Bien sûr, puisque ça ne suffisait pas, les Habsbourg d’Espagne, sous couvert de vouloir mater des révoltes dans leurs « colonies » (le royaume d’Espagne se composant de l’Espagne actuelle et de territoires isolés dans les Pays-Bas actuels, la zone du conflit), vont en profiter pour aider les Habsbourg d’Allemagne/Autriche et récupérer quelques territoires. Le conflit devient progressivement territorial plus que religieux, d’autant que, pendant ce temps, la France et l’Italie se disputent le territoire de Mantoue, au nord de l'Italie. Ce dernier n’a, qu’on soit clair, pour le moment rien à voir avec les affrontements entre protestants et catholiques qui se déroulent vers le nord et l’est de l’Europe.

En 1625, un nouvel acteur entre en scène : Christian IV de Danemark. Le Danemark va se joindre au conflit soi-disant pour aider les pays protestants, qui lui sont alliés et qui sont en mauvaise posture. Mais ne nous y méprenons pas, la guerre n’a dès à présent plus rien de religieux et le pays cherche, comme tout le monde, à agrandir son territoire. Le conflit dure et, pour changer, se connecte à la partie un nouveau joueur : la Suède. Celle-ci garde en tête la dimension uniquement religieuse de cette guerre et cherche à aider les protestants. Malheureusement pour eux, le royaume des Habsbourg d’Espagne va rapidement défaire la Suède.

Et évidemment, pour « finir », je l’évoquai plus haut, intervient la France en 1635. Cette entrée en guerre marque de manière encore plus évidente le passage d’un conflit religieux à un conflit politico-territorial, car la France est majoritairement catholique. Jusque-là, rien d’étonnant me direz-vous. Néanmoins, il est bon de préciser que la France va combattre contre les royaumes d’Espagne et d’Allemagne Habsbourgeois, eux-aussi catholiques. Mais alors, pourquoi ? Tout simplement parce que Louis XIII, conseillé alors par un certain Richelieu, voit d’un mauvais œil la victoire imminente des Habsbourg face aux protestants car, si cela arrivait, les territoires que ces derniers remporteraient encerclent la France. On parle donc bien ici d’une guerre qui devient 100% politique, puisque les catholiques en viennent à se taper dessus entre eux. Mieux encore, pour parvenir à vaincre les Habsbourg, la France s’allie aux puissances protestantes, du jamais vu !

Carte représentant les différents acteurs de la Guerre de Trente Ans et les batailles importantes © lhistoire.fr


Finalement, que retenir de ce conflit ? Déjà, quelques chiffres pour se rendre compte de l’étendue des dégâts : à la fin de la guerre, l’Europe a perdu environ 20% de sa population totale (civile et militaire), et certains territoires sont littéralement vides. A titre d’exemple, le Palatina, territoire le plus touché par les combats, a perdu 90% de sa population totale ! Ce massacre s’explique par le fait que le Palatina était un territoire central durant le conflit, et les armées de plus ou moins tous les pays sont passés par là, sans compter les bataillons de mercenaires qui n’hésitaient pas à piller et brûler les régions qu’ils traversaient.

La fin de la guerre sera marquée en 1648 par les traités de Westphalie, qui entérineront des principes qui dictent encore la géopolitique actuelle. Il faut bien comprendre que ce conflit a été un traumatisme terrible pour l’Europe entière. Peu de pays sortent réellement vainqueur de ce carnage (la France y aura gagné l’Alsace), et la plupart sont en ruines. Dans de telles conditions, les dirigeants pour mettre en place des principes censés éviter qu’une telle guerre se reproduise. Citons les 3 plus importants : la souveraineté externe (chaque Etat est une autorité à part entière, sans autre forme d’autorité au-dessus de lui, et tous les Etats sont politiquement égaux) ; le droit de non-ingérence, en vertu duquel un Etat extérieur n’est pas autorisé à intervenir dans les affaires d’un autre Etat de son propre chef, mais uniquement si l’Etat concerné en fait la demande ; enfin, l’équilibre des puissances, qui rejoint le premier principe, et selon lequel un Etat ne doit pas devenir significativement plus puissant que ses voisins, sinon il y a risque de déséquilibre, et donc de tensions.

Chose promise, chose due : abordons rapidement l’aspect artistique autour de cette guerre. Peu de représentations de ce conflit existent, ou se réfèrent de manière explicite à ce dernier, mais néanmoins le dessinateur Jacques Callot a réalisé en 1633 18 estampes représentant des scènes de cette guerre. La plupart des représentations du conflit, et ce n’est pas une surprise, des zones qui étaient les plus directement concernées, c’est-à-dire l’Europe du nord en général, la Hollande en particulier.

 

Jacques Callot, La pendaison (gravure n°11), issue de la série Les Misères et les Malheurs de la guerre, 1633 © Wikimedia Commons


Sebastien Vrancx, Pillage d'une ville, XVIIème siècle, Musée des Beaux-Arts de Göteborg © Wikimedia Commons

 


Résumé du développement :

Ce qu’il faut retenir de la guerre de Trente Ans, c’est qu’il s’agit d’un conflit particulièrement complexe, aux multiples facettes. D’abord religieux, puis territorial, et enfin politico-territorial, cette guerre sera la première du genre, impliquant un nombre d’acteurs important, et ayant marqué l’histoire militaire et géopolitique de l’Europe. A noter que, à titre de comparaison, la Première Guerre Mondiale aura décimé 1,7% de la population mondiale, là où la guerre de Trente Ans en a enterré 1,3%. Certes, les chiffres sont à rapporter à la population mondiale qui est évidemment différente entre les deux conflits, mais ça donne un petit aperçu des proportions des affrontements. J’ai volontairement fait un article relativement court, sans forcément rentrer dans les détails des batailles et des stratégies militaires pour ne pas surcharger. Néanmoins, si le sujet vous intéresse, je vous conseille l’excellente vidéo de la chaîne Sur le champ (lien en fin d’article), ainsi que le blog Hérodote, qui m’a aidé pour la partie sur l’entrée en guerre de la France.

 

Sur ce, merci d’être resté jusque-là !

On se retrouve dans le prochain article (si ça vous dit) !

 

Il était une fois...l'Art

 

La vidéo sur la Guerre de Trente Ans : https://youtu.be/tOO5qBoz5cs

Le blog : https://www.herodote.net/19_mai_1635-evenement-16350519.php

 

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